La pilule ? Non merci !

Mis à jour le 19 février 2018 par ELLE Belgique
La pilule ? Non merci !

La pilule séduit de moins en moins les jeunes. Le point sur les autres modes contraceptifs qui marchent.

« Je venais de fêter mes 30 ans. Je ne sais pas pourquoi, mais ce jour-là, j’ai regardé d’un autre œil la plaquette posée sur ma table de nuit. Cela faisait quatorze ans que j’avalais ces hormones chaque jour. J’ai essayé de m’imaginer le nombre de pilules que cela représentait et cela m’a donné le vertige. Je mange bio, j’évite la nourriture industrielle, je me soigne naturellement, je trie mes déchets... La contradiction me sautait aux yeux. Cela ne pouvait plus durer ! J’ai tout de suite pris rendez-vous chez mon gynéco. » Laura n’est pas la seule à remettre en question cette pilule qui a libéré nos mères et nos grands-mères dans les années 60 en leur permettant de contrôler leur vie et de programmer le(s) moment(s) de leur maternité.

« Les patientes les plus jeunes ont tendance à demander d’autres moyens de contraception, plus naturels, et celles de la tranche d’âge supérieure s’interrogent aussi », confirme le Dr Pascale Grandjean, gynécologue, chef de service au CHR de Mons et membre du groupe de travail d’endocrinologie pour le Groupement des gynécologues de langue française de Belgique. Cette « petite diminution d’utilisation » concerne les pilules œstroprogestatives les plus récentes, de troisième et quatrième générations, qui ont mauvaise presse depuis les graves effets secondaires survenus chez des utilisatrices, comme Marion Larat, victime d’un accident vasculaire cérébral à 19 ans.

« D’autres pilules plus anciennes, celles de deuxième génération, sont revenues à la mode parce qu’elles ont moins d’effets thromboemboliques. C’est lié au progestatif qui est dans leur composition : son action sur le foie est moins négative. Les risques de thrombose augmentent aussi quand on fume, quand on a plus de 35 ans, qu’on est diabétique ou hypertendue. » Fumer ET être âgée de plus de 35 ans est une contre-indication stricte à la pilule combinée, un véritable médicament, pas un bonbon miracle. « Après 35-40 ans, on envisage de toute façon une contraception avec le moins d’hormones œstrogéniques possible. »

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Une pilule révolutionnaire à l’étude ?

Des pilules composées d’œstrogènes de type œstradiols naturels ont vu le jour. « Naturels » étant un grand mot, puisqu’il s’agit toujours d’hormones synthétisées chimiquement, mais elles ont une bioéquivalence avec les œstrogènes de l’organisme. Elles seraient donc mieux tolérées et auraient moins d’effets secondaires. Mais on manque encore de recul pour prouver de telles promesses. Une autre pilule (Estelle) est annoncée haut et fort comme révolutionnaire par la société liégeoise Mithra qui est en train de la mettre au point (phase 3 des essais cliniques) et pourrait la commercialiser dès 2019.

À base d’œstrogènes Estetrol, elle serait dépourvue d’effets cardiovasculaires délétères et potentiellement protectrice contre le cancer du sein. Autrefois prescrite aux jeunes mère allaitantes, aux patientes intolérantes aux œstrogènes ou avec des facteurs de risque de développer des thromboses, la minipilule (Pop) est de plus en plus utilisée. Composée uniquement de progestérone, elle n’a pas d’effets secondaires thromboemboliques, mais elle ne régule pas le cycle (seuls les œstrogènes le font). « Dans 20 % des cas, on a des règles irrégulières ou une absence de règles. Il faut prendre cette pilule à heures très régulières pour avoir une efficacité aussi bonne que celle de la pilule combinée », précise le docteur Grandjean.

Un nouveau stérilet pour les jeunes

Certaines jeunes femmes (« moins de 5 % des patientes ») délaissent les contraceptifs oraux pour cause de baisse de désir mais « rien n’est prouvé, la libido féminine étant multifactorielle et non pas réduite à la prise ou non d’une hormone biologique ». D’autres recherchent des moyens plus naturels, fiables et moins contraignants au quotidien : les Low Acting Reversible Contracep-tives, soit des contraceptifs à longue durée d’action mais réversibles comme les stérilets (cinq ans) ou les implants (trois ans). « Un stérilet (avec ou sans hormones) de plus petite taille vient d’être lancé. Destiné à des femmes qui n’ont jamais eu d’enfant, il contient des hormones et est valable trois ans parce que la dose de progestérone est moins importante que pour le stérilet de taille standard. Des jeunes m’en parlent en général parce qu’elles ont entendu qu’une de leurs copines en portait un. »

Le stérilet à fil de cuivre a l’avantage de garder un cycle naturel, sans action hormonale, mais il augmente la quantité des règles, comporte un risque d’infection les trois premières semaines après sa mise en place et est un peu moins efficace (98 à 98,5 %) que le stérilet hormonal. En cas de retard des règles, mieux vaut donc s’assurer au plus vite qu’il ne s’agit pas d’une grossesse. Le stérilet hormonal ne contient que de la progestérone (pas d’œstrogènes). « Il y a un risque de cycle irrégulier, avec des petites pertes de sang tous les quinze jours, mais on tend vers une disparition progressive des règles. » Quant à l’implant, le médecin le place via une injection avec une grosse aiguille sur la face interne du bras « mais c’est tout à fait supportable comme douleur ». « Et on l’enlève trois ans plus tard via une petite incision de 2 mm sous anesthésie locale. Comme l’implant n’est composé que de progestérone, le cycle peut être irrégulier chez certaines patientes. »

Le préservatif préserve des maladies, pas d’une grossesse

À la différence du stérilet et de l’implant, l’anneau vaginal et les patches ont une action hormonale combinée (progestérone et œstrogènes), ce qui garantit un cycle régulier. Autre grosse différence : on les place et on les gère soi-même, sans passer par la case « gynéco ». L’anneau est valable pendant un mois et « la firme  qui le commercialise vient de mettre au point un système d’applicateur très facile à utiliser pour celles qui seraient réticentes ». Les patches doivent se remplacer chaque semaine. Si on oublie de changer de patch, c’est comme si on oubliait une pilule : l’efficacité s’en ressent le reste du mois. Reste à trouver un endroit discret où le poser et vérifier régulièrement qu’il ne se décolle pas.

Le diaphragme, cette membrane qui se place sur le col utérin et fonctionne de façon mécanique, « doit se combiner avec une crème spermicide ». « Mais il est très peu utilisé en Belgique, alors qu’il séduit beaucoup de femmes aux États-Unis. » Quant au préservatif, la gynécologue Pascale Grandjean est catégorique : « Pour moi, ce n’est pas une contraception suffisante chez quelqu’un de jeune qui a une fertilité augmentée et qui ne connaît pas encore bien son corps. Par contre, le préservatif est le seul à prévenir des maladies sexuellement transmissibles, donc je le recommande au début d’une relation, en plus d’un moyen contraceptif. »

La meilleure contraception ? Celle que chacune se choisit

Oubliée, l’idée reçue selon laquelle la vie sexuelle commence avec la pilule. Désormais, on pèse le pour et le contre d’entrée de jeu. Tant du côté des patientes que des médecins. « Les jeunes femmes arrivent à mieux gérer les choses par rapport à celles d’il y a vingt ans. Elles ont une plus grande conscience de leur corps et une plus grande responsabilité face à leur contraception. Il n’y a pas de modes en matière de moyens contraceptifs. La nouveauté, c’est le fait qu’on en reparle et que les patientes soient demandeuses d’informations plus complètes. Elles ne veulent plus subir mais décider. La meilleure contraception, c’est celle qu’une femme se choisit avec son gynécologue, en fonction de ses attentes, de sa situation, de son vécu, de son quotidien. Autre changement perceptible : les médecins ne sont plus réfractaires à envisager d’autres moyens de contraception que la pilule et à poser des stérilets à des jeunes, puisqu’elles ne doivent pas y penser au quotidien. »

Isabelle Blandiaux

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